1637
Cultes polythéistes
1286
Empire romain
|
Conclusion : les cultes polythéistes face au christianisme dans l'Empire romain... Gros plan sur Approfondir Le christianisme a fini par triompher des cultes païens, mais de quel genre de paganisme s'agissait-il ?
Le christianisme a fini par triompher des cultes païens, mais de quel genre de paganisme s’agissait-il ? On ne constate pas d’opposition frontale entre Jésus et telle ou telle figure de divinité grecque ou orientale, sauf avec Apollonios de Tyane, un homme divin, à la fin du paganisme et dans le milieu intellectuel. Avec Dionysos et peut-être Mithra, ou encore entre la Mère des dieux et la Mère du Christ, il s’agit plutôt d’interférences. Dans cette période, l’expansion du monothéisme conduit à orienter les dévotions publiques et privées vers des divinités aux caractères anthropomorphiques et ethniques peu marqués, comme le Soleil divinisé. D’autres divinités qui ont bien résisté sont celles qui ont été susceptibles de développer leurs fonctions et d’augmenter leurs attributions, en s’adaptant aux milieux locaux comme le firent Isis et Cybèle – sans qu’elles aient nécessairement vocation à l’universalisme, en particulier pour le culte de Mithra. Un schéma ancien doit être abandonné, qui représentait les cultes traditionnels dans l’Empire préconstantinien comme des survivances déchues. Au contraire, la force de résistance de certains d’entre eux tient à leur capacité de renouvellement, qui va toujours dans le même sens. Quelles que soient leur ancienneté et leur histoire, ils recourent au même fond commun et présentent les mêmes traits communs : évolution dans le sens d’une religiosité personnelle et de pratiques contemplatives et ascétiques ; personnages charismatiques ; développement d’une sotériologie qui introduit des mystères dans des cultes qui n’en comportaient pas à l’origine et qui développe des mythes de mort et de renaissance. Les communautés religieuses finirent ainsi par se ressembler, ce qui explique le passage facile de l’une à l’autre dans ce qu’on a pu qualifier de « marché libre des religions ». Le dynamisme et le succès tenaient donc essentiellement à l’intensité de la vie communautaire. Deux facteurs extérieurs ont enfin joué un rôle pour expliquer l’importance particulière prise par le culte dionysiaque, le culte solaire et celui de l’homme divin. Ce fut d’abord leur développement philosophique, qui renouvelait l’anthropologie et revitalisait le culte du souverain, et aussi leur capacité à assumer la vocation de l’Empire romain à l’universel. © Marie-Françoise Baslez, Des concurrents du christianisme ? Les cultes polythéistes dans l’Empire romain, Supplément au Cahier Évangile n° 180 (p. 60).
|